Mosquée de Grigny : les travaux ont débuté

Le premier coup de pelleteuse a été donné hier midi. Plusieurs centaines de personnes étaient réunies pour assister au début des travaux de la mosquée de Grigny. Attendu depuis dix ans par les fidèles, le bâtiment pourra accueillir 1800 personnes pour la prière. Entièrement financé par les dons, 1,4 M€ ont été récoltés sur les 4,5 M€ nécessaires au projet.

La date d’ouverture de la mosquée dépendra donc des dons à venir.

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Essonne : le message de paix délivré aux musulmans

Au fil des minutes, le petit préfabriqué presque vide se remplit à craquer. Une quarantaine de femmes y écoutent, priant sur les tapis colorés, l’aumônier y délivrer son prêche. De l’autre côté du mur, 300 à 400 hommes font de même. Depuis 2008, à Grigny, où vit une des plus importantes communautés musulmanes du département, à défaut d’une « vraie » mosquée, c’est là, juste à côté du stade Jean-Miaud, que les prières sont organisées.

Hier, pour la traditionnelle prière du vendredi, la voix grave d’Abdelhak Eddouk, l’aumônier musulman, s’est attardée de longues minutes sur le verset coranique 63 de la sourate « le Discernement ». « Lorsque les ignorants leur adressent des paroles ignobles, ils leur disent que la paix soit avec vous », récite-t-il lentement.
Alors qu’une partie du monde s’enflamme après la diffusion d’une vidéo anti-islam et que la polémique enfle à la suite de la publication par « Charlie Hebdo » de caricatures de Mahomet, Abdelhak Eddouk tente l’apaisement. Hier, il a proposé une initiative baptisée Un livre face à la violence, en invitant les fidèles à acheter un livre sur la vie et l’histoire de Mahomet. A l’entrée de la mosquée, « Mohammad, un prophète pour l’humanité », de Mawlana Wahidudin Khan, était vendu 6 €. Le but : que les musulmans qui l’achètent l’offrent à un non-musulman pour que le dialogue se crée.
« On répond au mal par le bien. Les ignorants, ceux qui sont prêts à dire et faire du mal, le font parce qu’ils méconnaissent l’histoire. On ne répond pas à cela avec de la violence, mais avec le savoir, et on leur dit que la paix soit avec vous », note l’aumônier Eddouk. Pétillante musulmane de 19 ans, Imène, étudiante en droit, concède que les caricatures ne l’ont pas réellement heurtée, « Charlie Hebdo caricature toutes les religions, c’est son gagne-pain », mais la vidéo « l’Innocence des musulmans », elle ne peut l’accepter. « On s’est sentis insultés dans notre être. On nous fait passer pour des fous, des pédophiles, c’est trop. » Comme la grande majorité des fidèles venus hier, elle compte répondre à ces « offenses » par l’ignorance et le calme. Participer à une manifestation ne viendrait « même pas à l’esprit » de cet autre jeune homme qui préfère « dépenser son énergie dans du positif ». « Bien sûr qu’au départ, ça énerve. Quand on prend une claque, ça picote, on a envie de répondre, de se venger, mais au fond, on sait que ce n’est pas la solution », explique Karim, 38 ans. Un policier confirmait hier qu’aucun débordement n’avait eu lieu à Grigny après la diffusion sur Internet de la vidéo. « M. Eddouk a une grande influence positive », notait-il. L’opération du savoir à la place de la violence va durer toute la semaine.

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La construction de la mosquée est lancée

C’est sous les applaudissements et aux cris d’« Allah est grand ! » qu’a été salué le premier coup de pelleteuse symbolique lançant le chantier de la mosquée de Grigny samedi midi. Plusieurs centaines de personnes sont venues assister à cette cérémonie, dont de nombreux élus de la ville et des représentants d’associations.

La construction de cet édifice est attendue depuis dix ans, date à laquelle le projet a été soumis pour la première fois à la mairie par ceux qui ont constitué depuis l’Union des musulmans de Grigny (UMG). « C’est un jour plus qu’important, sourit Abdelhak Eddouk, le président de l’UMG. Ces travaux qui démarrent vont permettre d’encourager, de mobiliser et de mettre en confiance ceux qui doutaient encore que ce projet voie le jour. » Car pour l’heure, l’association n’a recueilli que 1,4 M€ sur les 4,5 M€ nécessaires. « Cela nous permet de commencer et de faire le gros œuvre. Mais pour l’heure, il n’est pas possible de donner une date d’ouverture, cela dépendra des financements qui proviennent des collectes qui continuent », concède Abdelhak Eddouk.
La salle de prière pourra accueillir 1 800 fidèles

Le bâtiment, de 2800 m², sera divisé en plusieurs parties. La salle de prière, avec un premier étage réservé aux femmes, pourra accueillir jusqu’à 1800 fidèles. Une aile sera consacrée aux commerces. « Il ne s’agit pas de faire du business, prévient le président de l’UMG, mais de pouvoir financer le fonctionnement et l’entretien du bâtiment, dont le coût est estimé entre 15000 et 20000 € par mois. » L’UMG souhaite ainsi éviter d’avoir à nouveau à solliciter les fidèles pour régler les factures. « Par ailleurs, ce bâtiment va se retrouver en plein centre du nouveau cœur de ville, avec le commissariat et de nouveaux commerces qui vont voir le jour. Et nous avons la volonté de l’intégrer dans son environnement », poursuit le président de l’UMG. Côté culturel, des salles de cours sont prévues, ainsi que des logements pour l’imam et des invités qui viendront faire des conférences. Enfin, un patio de 130 m², avec un oranger servira de lieu de réception pour tous les non musulmans. « La question religieuse est souvent source de conflits à cause de l’incompréhension et de la méconnaissance, regrette Abdelhak Eddouk. Nous voulons montrer que la religion peut-être unificatrice. » Samedi, des représentants de l’Eglise catholique étaient présents et ont été applaudis lors du discours de fraternité qu’ils ont prononcé.

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